lundi 2 mai 2011

Le Mexique perdu au milieu de ses chiens et chats errants

Pour nous européens, la seule mention de 100 000 abandons par an (triste palme d’or détenue par la France) nous scandalisent et nous frissonnons à l’idée de tous ces petits malheureux abandonnés chaque année à leur triste sort, dont beaucoup malheureusement n’auront pas la chance de trouver une seconde famille.
La situation des chiens et chats errants dans les pays en voie de développement nous apparaît comme inconcevable, et il faut « le voir pour le croire ».

Au Mexique, ce sont 2 millions de chiens errants qui déambulent dans les rues de la seule capitale, c'est-à-dire 20 fois plus que les abandons annuels en France.
Sur l’ensemble du pays, le chiffre moyen de 13 millions de chiens errants nous donne froid dans le dos, et pourtant c’est leur triste réalité quotidienne. Peu de statistiques existent et elles sont pour la plupart établies par le gouvernement, ce qui peut nous amener à penser que ce chiffre est revu à la baisse.
Pour les chats, aucun chiffre officiel n’existe, et pourtant leur surpopulation est belle et bien réelle.




Sur l’année 2008, 673 249 chiens ont été sacrifiés par électrocution (méthode dite humanitaire autorisée par la loi fédérale et employée couramment dans les fourrières) contre 209 659 chiens stérilisés seulement. C’est dire la débâcle qui règne dans ce pays en matière de contrôle de la population canine.

Pour comprendre cette situation actuelle, il faut remonter des années en arrière. Le Mexique est un pays qui a été énormément touché par la rage. Le premier cas de rage fait son apparition peu après l’arrivée des espagnols, soit vers le 16ème siècle. Jusqu’à peu, de nombreux cas de rage (animale et humaine) étaient constatés, ce qui a poussé le Mexique à la création de centres antirabiques dont nous avons parlé dans un précédent article. Ce n’est qu’en 2006 que le Mexique a enfin pu éradiquer ce fléau et figurer sur la liste des pays exempts de rage.
Mais la réponse du gouvernement ne correspond plus à la problématique actuelle du pays en matière de surpopulation canine. Et la rupture totale de dialogue entre le gouvernement et les associations de protection animale ne permet pas d’arriver à un consensus qui pourrait satisfaire les deux parties.

D’un côté, le gouvernement est préoccupé par une surpopulation canine grandissante, à l’origine d’un problème de santé publique non négligeable (300g d’excrément et 500ml d’urine par chien). A vouloir agir dans l’action, ils appliquent les méthodes habituelles qui consistent à capturer le plus d’animaux possibles pour les sacrifier dans les centres antirabiques. Il y a alors deux problèmes : d’une part une loi qui n’est pas tolérable à notre époque (à savoir l’électrocution des animaux) et d’autre part, un manque de sanctions lors de la non-application de cette même loi, qui conduit à des mises à mort barbares courantes.

De leur côté, les associations de protection animale, scandalisées à juste titre, par de telles méthodes s’élèvent contre le gouvernement et bataillent pour « sauver » le plus d’animaux possibles. Une énergie considérable est fournie quotidiennement par ces protecteurs pour récupérer des chiens des rues, les soigner, les faire stérilisés et ensuite les proposer à l’adoption. Malgré une volonté d’action non négligeable, ces associations rencontrent de nombreux obstacles, à commencer par un manque de cohésion totale entre les différentes entités. En effet, il n’existe pas d’unité, chaque association agissant dans son coin, avec ses propres moyens, souvent limités aux niveaux financier et logistique.

Par ailleurs, la population manque cruellement d’une culture d’adoption. Les associations se retrouvent donc avec un nombre considérable d’animaux qu’elles sont dans l’incapacité de placer. Saturées, nombre d’entre elles doivent se résigner à euthanasier.

Enfin, concentrées sur l’action quotidienne, les associations de protection animale sont peu nombreuses à mettre en place des campagnes de stérilisation massives. Bien sûr des initiatives existent, mais elles sont minimes en comparaison des besoins, et ces campagnes sont toujours consacrées aux chiens et chats dont les propriétaires ont peu ou pas de moyens.



Le problème est complexe, et la situation est telle que toute l’organisation de la protection animale est à repenser. Dans un pays où la stérilisation est mal acceptée (notamment concernant les mâles et ce pour des raisons de croyances) et où le trafic de drogue ronge la société, les animaux n’arrivent malheureusement pas en premier lieu dans l’ordre des priorités.

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